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Jésus dit dans Jean 8:32 «  vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira ».

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Christianisme au Maghreb

Introduction

Le christianisme s'est implanté dans les pays du Maghreb (Afrique du Nord) vers le IIIe siècle. Il a toutefois été supplanté par l'islam au VIIe siècle.

De nos jours, l'Afrique du Nord est considérée comme une terre d'islam : l'islam est ainsi religion d'État au Maroc, en Algérie, en Tunisie ainsi qu'en Libye. Le libre exercice des autres cultes y est garanti par une législation spécifique.

Bien que la proportion de chrétiens soit faible en Afrique du Nord, on y trouve des églises. Par ailleurs, il semble qu'il y ait depuis quelques années une augmentation du nombre des conversions au christianisme. Ce nombre reste toutefois très faible relativement aux populations de ces pays.

Histoire

Christianisme primitif

L'Afrique romaine s'étendait sur les rives méditerranéennes de l'Afrique et comprenait grosso modo les parties les plus peuplées de nos jours du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie. C'est dans cette Afrique romaine, de la Maurétanie à la Numidie en passant par l'Afrique proconsulaire, que se propage le christianisme dans les premiers siècles après Jésus-Christ.

Parmi les églises d'Afrique les plus célèbres, on compte Carthage et Hippone dont saint Augustin est évêque entre 396 et 430. Saint Augustin est l'un des pères de l'Église, de même que Tertullien et saint Cyprien, qui ont vécu à Carthage au IIIe siècle.

Le donatisme est une hérésie à l'origine de laquelle se trouve le chrétien d'Afrique du Nord Donatus Magnus.

 Conquête musulmane

La conquête de toute l'Afrique du Nord par les Omeyyades, à la fin du VIIe siècle, substitue un islam triomphant au christianisme des églises nord-africaines divisé par des luttes intestines en raison des hérésies. D'ailleurs, l'islam n'est-il pas alors lui-même perçu comme une forme d'hérésie ?

Dans le nouvel ordre musulman, les chrétiens et les juifs ont un rang de dhimmi. Cet état de fait peut pousser les chrétiens à se convertir à l'islam ou à émigrer, conduisant au cours des siècles à l'érosion, voire à l'extinction, de la présence du christianisme dans les pays d'Afrique du Nord.

Des églises chrétiennes primitives, seule l'église copte subsiste encore en Égypte. Les coptes représentent entre 6% et 10% de la population égyptienne.

Colonisation française

Officiellement, la colonisation française n'est pas prosélyte dans les pays d'Afrique du Nord : elle n'a pas pour objectif de convertir les musulmans au catholicisme et les autorités cherchent le plus souvent à éviter les heurts entre communautés religieuses. Ainsi, au Maroc, Hubert Lyautey édicte en ce sens un certain nombre de règles toujours en vigueur. Voici toutefois ce que déclare le général Juchault de Lamoricière en 1843[1] :

« La seule chose qui nous permette d'espérer pouvoir un jour affermir nos pas en Algérie, c'est de peupler ce pays par des colons chrétiens s'adonnant à l'agriculture. » 

Cependant, de nombreux missionnaires ont l'occasion, grâce à elle, de se rendre en Afrique du Nord. Charles de Foucauld en est une figure emblématique. De plus, la colonisation entraîne l'édification de quelques églises (comme Notre-Dame d'Afrique à Alger ou Saint-Vincent de Paul à Tunis) qui sont destinées à l'usage des colons français.

 Christianisme aux XXIe siècle

 Depuis une vingtaine d'années, on assiste dans les pays d'Afrique du Nord à un regain d'intérêt à l'égard du christianisme, non pas au profit du catholicisme ou l'orthodoxie mais plutôt au profit des églises évangéliques. Ce phénomène est néanmoins à relativiser : ces conversions sont extrêmement marginales et ne concernent tout au plus que quelques milliers de personnes dans des pays où la population se compte en dizaine de millions. Pourtant, il inspire des controverses au sein des sociétés marocaines, algériennes et tunisiennes.

Les conversions au christianisme semblent accompagnées de persécutions, ou du moins de rejet, parce qu'elles sont considérées comme des trahisons à plusieurs égards. Certains y voient le fruit de manipulations des États-Unis : selon eux, l'émergence d'une minorité chrétienne (encore toute hypothétique) légitimerait l'ingérence des États-Unis dans la politique de leur pays. D'autres pensent que c'est l'ignorance ou l'attrait d'un visa qui poussent à se convertir. Les nouveaux convertis invoquent en général 2 types de motivations : une fuite de l'islam perçu comme un carcan social et non comme une véritable foi et l'attrait du christianisme vu comme une religion de tolérance et d'amour[2].

Quelles que soient les motivations de ces conversions, certains aspects des modèles socio-religieux des pays d'Afrique du Nord sont mis en question : en particulier, la place des autres religions et leur relation avec l'islam. En outre, on peut voir dans ces conversions un effet de la mondialisation et de l'ouverture du monde qui alimente les échanges marchands mais également culturels.

 Christianisme au Maroc

La population du Maroc est estimée à 31 432 511 habitants en 2005. La religion majoritaire y est l'islam (avec 98,63% des Marocains s'en réclamant). Il semble que cette proportion ait décru par rapport aux chiffres des années 1980 où ce nombre est alors estimé à 99,5% (les 0,5% restant étant partagés entre 0,3% de Juifs et 0,2% d'autres affiliations).

D'après la World Christian Database du Centre pour l'étude du christianisme mondial[3], en comparaison aux chiffres de 1985, le christianisme est la religion dont le taux de croissance au Maroc est le plus élevé. En son sein, le catholicisme (-0,28%), l'orthodoxie (-0,94%) mais surtout l'anglicanisme (-1,71%) baissent en nombre d'adhésions. Ces confessions sont surtout le fait d'étrangers. Par contre, les chrétiens indépendants (protestants évangéliques en général) connaissent une croissance (environ 84 000 adhérents soit une augmentation de 3% en 2005) vis-à-vis des autres dénominations suivis par les protestants plus classiques (+1,41%). Ils représentent ainsi 73,11% du christianisme marocain. Si ce phénomène d'augmentation s'explique partiellement par une recrudescence de l'immigration venue d'Afrique sub-saharienne, à laquelle s'ajoute un certain nombre de conversions, entre 2000 à 2500 convertis en 2005.

Les chrétiens dits « marginaux » (Témoins de Jéhovah ou Mormons) connaissent un faible taux de croissance (+0,41%), mais globalement on remarque que les chrétiens indépendants augmentent le plus vite en nombre sur toutes les affiliations spirituelles, religieuses ou philosophiques au Maroc, pour être suivis par les athées (+2,51%), les bahaïs (+2,26%), les « non-religieux » (+1,75%) et enfin les musulmans classiques (+1,72%).

Les conversions au christianisme (dont le nombre est difficile à évaluer) sont suspectées par certains d'être soutenues par les États-Unis. Il semble que les missions d'évangélisation sont essentiellement le fait d'églises évangéliques issues des États-Unis. Car le prosélytisme est interdit au Maroc et les églises reconnues par l'État marocain, comme l'Église catholique, adoptent une position de neutralité qui motive peut-être l'intérêt des convertis envers les églises évangéliques considérées plus entreprenantes. D'ailleurs, l'article 220 du code pénal marocain stipule :

« Est puni d'un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d'une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder 3 ans. » 

 Christianisme en Algérie

Le pourcentage de chrétiens en Algérie est le plus faible des trois pays d'Afrique du Nord : moins de 0,1% (chiffres datant de 2002).

Le diocèse d'Algérie est établi en 1838 avec la conquête de l'Algérie par les troupes coloniales françaises. Cependant, tout prosélytisme auprès des musulmans est prohibé pendant longtemps et le rôle de l'Église catholique est cantonné à des actions de charité (voir l'article concernant les missions catholiques au XIXe et au XXe siècles).

Au début du XXe siècle, on estime à environ un million le nombre de catholiques en Algérie.

En 1996, Mgr Pierre Claverie, évêque d'Oran, est assassiné par des islamistes. Ce meurtre est suivi de ceux des 7 moines trappistes de Tibérine en mars de la même année et de ceux de 6 religieuses de diverses congrégations. Néanmoins, les rapports interreligieux paraissent apaisés à l'heure actuelle.

En 2002, l'ONU dénombre 10 000 catholiques et de 5 000 à 20 000 protestants dans le pays.

Les conversions au christianisme semblent plus particulièrement toucher la Kabylie, surtout dans la wilaya de Tizi-Ouzou[4]. Malgré le nombre important de musulmans et d'irréligieux, on y compterait entre 1% et 5% de chrétiensréf. nécessaire.

 

Saint Augustin

Augustin d'Hippone

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Augustin d'Hippone (Aurelius Augustinus), ou saint Augustin, né à Thagaste (actuelle Souk-Ahras, Algérie) le 13 novembre 354, mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba), était un philosophe et théologien chrétien, évêque catholique d'Hippone, et un écrivain romain d'origine berbère de l'Antiquité tardive.

Il est l'un des principaux Pères de l'Église latine et l'un des 33 Docteurs de l'Église. Les catholiques célèbrent sa fête le 28 août, anniversaire de sa mort. Sa tombe se trouve à Pavie.

Saint Augustin est le seul Père de l'Église dont les œuvres et la doctrine aient donné naissance à un système de pensée : l'augustinisme. Son influence est marquée à travers les âges, depuis Paul Orose jusqu'à Paul Ricœur, en passant par Anselme de Cantorbéry, Thomas d'Aquin, Luther, Calvin, Pascal, Adolf von Harnack, Hannah Arendt... Elle fut immense sur toute l'histoire de l'Église en Occident : l'augustinisme imprégna en effet toute la réflexion philosophique et théologique médiévale, puis alimenta les débats lors de la Réforme protestante, puis encore le jansénisme. Les débats suscités par l'interprétation de l'augustinisme ont largement contribué aux conceptions modernes de la liberté et de la nature humaine. 

Vie d’Augustin

L’enfance et la jeunesse, de 354 à 383

Augustin narre sa jeunesse dans ses Confessions

Il est né à Thagaste, ville d'Afrique du Nord appartenant à l'empire romain, et de l'ancien royaume de Numidie. Son père, un citoyen romain païen du nom de Patricius, était un modeste notable de la ville. Sa mère, Monique, une chrétienne, d'origine berbère (son nom est punique), transmit sa foi à ses enfants et gagna son mari au christianisme à la fin de sa vie. Augustin avait un frère, Navigius, et une sœur, future préposée du monastère d'Hippone. La langue maternelle d'Augustin est le numide (qu'il cite clairement dans son œuvre "Les confessions"), mais sa culture est latine, et il connaît à peine le grec : élève doué mais indocile, il détestait l’école et craignait le châtiment de ses maîtres. Son père, qui nourrit de grandes ambitions à son égard, le destine au métier d’avocat, étape pour le haut-fonctionnariat ; Augustin étudie d’abord à Madaure, à partir de l’âge de seize ans, où les études sont centrées sur l’éloquence et la mémoire, ce qu’il blâma dans ses Confessions (livre I).

Son père, bien que de condition modeste, réunit l’argent nécessaire pour l’envoyer à Carthage poursuivre des études appropriées à son intelligence précoce. C’est peu avant son départ que se situe le fameux épisode du vol des poires.

Il est à Carthage à la fin de l’année 370. Son père meurt peu après, et Augustin devient le protégé de Romanianus ; il raconte le climat de sensualité exacerbée de la ville (« la chaudière des honteuses amours »), les plaisirs de l’amour et du théâtre :

« J’aimais à aimer...aimer et être aimé c’était plus doux pour moi si je pouvais jouir aussi du corps de l’être aimé.  » 

Mais cet aspect de sa vie paraît légendaire, au vue de certains passages des Confessions :

« Je feignais d’avoir fait ce que je n’avais pas fait, pour n’être pas jugé d’autant plus méprisable que j’étais plus innocent et tenu pour d’autant plus vil que j’étais plus chaste.  » 

Il rencontre cependant la femme à laquelle il resta fidèle pendant quatorze ans, et de laquelle il eut un fils, Adéodat, dont il fait un interlocuteur dans le dialogue Du maître.

Augustin vise alors le professorat de rhétorique. Trois événements vont jouer un rôle important dans sa vie :

  • Il lit l'Hortensius de Cicéron, une œuvre aujourd'hui perdue, qui suscite en lui un violent désir de sagesse : la recherche de la vérité est une profonde motivation de la personnalité d’Augustin.
  • Il commence également à lire les Ecritures, dont il juge l’écriture fort grossière en comparaison de l'orateur romain. En effet, il les lit dans la mauvaise traduction de la Bible latine d'Afrique (Vetus Africana), pleine d'argot, et peu conforme aux règles littéraires du latin classique.
  • Il rencontre les manichéens et adhère à leur doctrine, en demeurant cependant simple auditeur : Augustin fut manichéen, au grand désespoir de sa mère qui refusa un temps de le recevoir dans sa maison, une religion dualiste pendant 9 ans, puis ébloui par le néoplatonisme de Plotin, en particulier par son principe du Un-Bien.

Il retourne à Thagaste en 375 et y enseigne la grammaire. À la suite d’une victoire dans un concours de poésie, il devint un familier du proconsul de Carthage, Vindicius, un médecin qui, s’apercevant de la passion d’Augustin pour l’astrologie, parvint à l’en détourner en lui faisant voir que le succès de quelques prédictions n’est que le fruit du hasard :

« Puisqu’il arrive souvent, disait Vindicien, qu’en ouvrant à l’aventure le livre d’un poète avec l’intention d’y trouver quelque lumière dont on a besoin, on tombe sur tel vers qui s’accorde merveilleusement avec ce que l’on y cherche, bien qu’en le composant ce poète eût, sans doute, tout autre chose dans l’esprit, il ne faut pas s’étonner si, poussé par quelque instinct secret qui le maîtrise et sans même savoir ce qui se passe en lui, par pur hasard enfin et non par sa propre science, les réponses d’un homme s’accordent quelquefois avec les actions et les aventures d’un autre homme qui vient l’interroger.  » 

Il écrit sa première œuvre, une œuvre d’esthétique, De Bono et Apto, qui est perdue, en 380. Il rencontre l’évêque Faustus avant de quitter Carthage pour Rome. Cette rencontre est pour lui décevante car l’évêque se révèle n’être qu’un agréable imposteur.

Il décide de partir pour Rome.

Rome, Milan ; la conversion d’Augustin

saint Augustin, portrait le plus ancien connu (du VIe s.)

À Rome, où il est professeur de rhétorique, Augustin est logé chez un auditeur des manichéens et fréquente la secte. Mais il doutait sérieusement de cette doctrine, et inclinait à croire les académiciens pour qui la vérité n’est pas connaissable. Il tomba malade au point de se croire mourant.

En 384, dégoûté par les attitudes de ses élèves, il gagne Milan, où il se retrouve au cœur d'une société fréquentée par les poètes et les philosophes particulièrement platoniciens. Sa mère finit par l’y rejoindre. Il y rencontre Ambroise de Milan, l'évêque de la ville dont il suivit les homélies avec assiduité. À cette époque, influencé par les discours d’Ambroise, il décide de rompre avec le manichéisme, « ne croyant pas devoir, en pleine crise de doute, me maintenir dans une secte au-dessus de laquelle je plaçais déjà un certain nombre de philosophes. » L’idée d’un combat entre le mal et le bien lui semblait absurde, car le principe mauvais du manichéisme ne pouvait en réalité rien contre un dieu immuable et éternel. Cependant, il restait la question de l’existence du mal permis par Dieu.

Il songea à se marier : un riche mariage pour lequel il devait encore attendre deux ans, la jeune fille n'ayant pas encore l'âge. Or, pour rendre possible le mariage, sa concubine avec laquelle il vivait depuis quinze ans, dont on ne sait pas le nom (elle se serait retirée dans un couvent, ne voulant plus connaître d'homme), avait été renvoyée. Ne pouvant patienter, il prit une nouvelle maîtresse.

C’est vers ce moment qu’Augustin, tourmenté par le problème du mal, découvre Platon et les platoniciens. Il comprend que le mal n’est rien, mais la philosophie païenne demeure encore loin pour lui de la véritable voie, qui est la voie de Jésus.

Lorsqu'il se convertit au christianisme en août 386, - tardivement puisqu’il avait presque 32 ans - en fait, il s’agit d’une religion qu'il connaît pratiquement depuis toujours. Il dit lui-même dans ses Confessions qu’il l'a tétée avec le lait de sa mère. En fait, la conversion d'Augustin, d'ailleurs très dramatique sur le plan psychologique, est moins une conversion au christianisme qu'une conversion au paulinisme. La découverte de Paul de Tarse qu'il ne connaissait pas, lui fait voir tout à fait différemment non seulement le christianisme qu'il connaissait, mais aussi le judaïsme. Il est remarquable qu'à une date aussi tardive que la moitié du IVe siècle, on puisse connaître le christianisme sans connaître Paul. À Carthage, deuxième ville de l'Empire, a donc cours un christianisme qui ne connaît pas Paul ?

Il veut se faire moine. La conversion d’Augustin va de pair avec le choix de la vie monastique. En devenant chrétien, il n’envisage pas de devenir évêque ni même prêtre.

Sa conversion est décrite au chapitre XII du livre VIII des Confessions :

« Ainsi, disais-je, et je pleurais dans l'extrême amertume de mon cœur broyé. Et voici que j’entends une voix venue de la maison voisine, celle d'un garçon ou d'une fille, je ne sais qui, sur un air de chanson disait et répétait à plusieurs reprises : « Prends, lis ! Prends, lis ! » Et aussitôt, changeant de visage, je me mis à réfléchir intensément, en me demandant si dans un jeu une telle ritournelle était habituellement en usage chez les enfants. Mais, il ne me revenait pas de l’avoir entendue quelque part. Et, refoulant l’assaut de mes larmes, je me levai, ne voyant d’autre interprétation à cet ordre divin que l’injonction d’ouvrir le livre et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais. Je venais, en effet, d'apprendre qu'Antoine avait tiré de la lecture de l'Évangile pendant laquelle il était survenu par hasard un avertissement personnel comme si c'était pour lui qu’était dit ce qu’on lisait : « Va, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Viens, suis-moi », et qu’un tel oracle l'avait aussitôt converti à Toi. Je me hâtai donc de revenir à l'endroit où Alypius était assis ; car c’est là que j’avais posé le livre de l'Apôtre quand je m'étais levé. Je le saisis, je l'ouvris, et je lus en silence le premier chapitre sur lequel tombèrent mes yeux : « Point de ripailles ni de beuveries ; point de coucheries ni de débauches ; point de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans ses convoitises. Je ne voulus pas en lire davantage : je n’en avais plus besoin. Ce verset à peine achevé, à l’instant même se répandit dans mon cœur une lumière apaisante et toutes les ténèbres du doute se dissipèrent.  » 

 

De la conversion à l’épiscopat

Après sa conversion, Augustin abandonne le métier de rhéteur, qui commençait d’ailleurs à altérer sa santé. L’un de ses amis mit à sa disposition une villa à Cassiciacum près de Milan. Il partagea ce séjour avec sa mère, son fils Adéodat, son frère Navigius, et quelques-uns de ses amis. Ils discutaient philosophie, et c’est de ce séjour que datent le Contre les Académiciens, De l’ordre, le Traité de la vie bienheureuse, les Soliloques, et des lettres.

Les œuvres de Cassiciacum

Dans le Contre les Académiciens, œuvre qui se compose de deux livres et qui met en scène les élèves d’Augustin défendant le pour et le contre, Augustin s’attache à réfuter les thèses de la Nouvelle Académie, école platonicienne dont le chef fut Arcésilas. Pour ces philosophes, l’homme ne peut connaître la vérité et le sage est celui qui suspend son jugement. Augustin pose les questions de savoir si nous sommes obligés de connaître la vérité, et si la possibilité d’être heureux sans la connaître nous dispenserait de la chercher. Or, puisque la vie heureuse est « la vie conforme à ce qu’il y a de meilleur et de plus parfait dans l’homme » on ne saurait être heureux, comme le soutient Cicéron, dans un état de recherche qui n’aboutit pas. Dire que nous sommes impuissants à découvrir la vérité, c’est dire que les facultés qui nous rendent supérieurs aux animaux sont inutiles. Augustin passe en revue les philosophies hellénistiques, puis expose la thèse de Platon à propos des deux mondes, l’un intelligible et vrai et qui se dérobe aux sens, l’autre qui n’est que vraisemblable et copie le premier. Or, c’est selon lui du monde divin que descend la lumière qui éclaire l’âme, et tout ce qui est bon imite les régions supérieures. Augustin indique que les Nouveaux Académiciens ont caché cette vérité, pour la soustraire aux attaques de leurs adversaires, et ont feint de soutenir un scepticisme dogmatique. (Cette thèse d’histoire de la philosophie a été longtemps discutée, et il semble qu'elle soit finalement fausse, si l’on en croit Victor Brochard, dans Les Sceptiques grecs). Mais c’est en fin de compte Dieu qui nous permet, dans notre quête de la vérité, de contempler les réalités célestes, car la raison humaine est trop faible ; la pensée d’Augustin est donc une synthèse de platonisme et de christianisme :

« De quelque manière que je possède la sagesse, je vois que je ne la connais pas encore. Cependant, n’étant encore qu’à ma trente-troisième année, je ne dois pas désespérer de l’acquérir un jour ; aussi suis-je résolu de m’appliquer à la chercher par un mépris général de tout ce que les hommes regardent ici-bas comme des biens. J’avoue que les raisons des Académiciens m’effrayaient beaucoup dans cette entreprise; mais je me suis, ce me semble, assez armé contre elles par cette discussion. Il n’est douteux pour personne que deux motifs nous déterminent dans nos connaissances : l’autorité et la raison. Pour moi, je suis persuadé qu’on ne doit, en aucune manière, s’écarter de l’autorité de Jésus-Christ, car je n’en trouve pas de plus puissante. Quant aux choses qu’on peut examiner par la subtilité de la raison (car, du caractère dont je suis, je désire avec impatience ne pas croire seulement la vérité, mais l’apercevoir par l’intelligence), j’espère trouver chez les platoniciens beaucoup d’idées qui ne seront point opposées à nos saints mystères.  » 

Augustin rédige également les deux livres du traité De l’ordre, où il aborde la question de l’ordre immuable de l’univers, dont le caractère harmonieux nous échappe si nous n’en contemplons pas l’ensemble ; ceux qui restent près de la multiplicité des choses ont l’esprit borné et ne voient partout que confusion et horrible hasard. Ainsi nous étonnons-nous du désordre qui semble violer l’ordre des choses, mais une chose absolument contre l’ordre est impossible, car tout a une raison de son accomplissement et rien ne peut exister en dehors de l’ordre, dans la mesure, où pour exister, une chose doit tendre vers l’unité. Notre raison est également une telle aspiration à l’unité et au repos de la vérité immuable. C’est pour Augustin un axiome que plus une chose a d’unité, plus elle est invincible : or, la permanence et l’unité de la raison témoignent de sa constance absolue par comparaison aux choses de ce monde, et montrent en conséquence l’immortalité de l’âme ; la citation suivante l’illustre, et montre l’influence de la pensée d’Augustin sur Descartes :

« Si donc la raison est immortelle (et moi qui discerne et lie toutes ces choses, c’est moi qui suis la raison), je conclus que ce qui en moi est appelé mortel n’est pas moi. Or si l’âme n’est pas la raison, et que cependant, usant de ma raison, je puisse devenir meilleur, l’âme est donc immortelle. Lorsqu’elle se sera rendue suffisamment belle, elle osera se présenter devant Dieu, la source d’où le vrai découle, le père de la vérité.  » 

Pourtant, malgré l’ordre et l’unité, le mal existe, et semble difficile à concilier avec l’ordre divin universel et la toute puissance de Dieu.

À partir du 13 novembre 386, jour de son anniversaire, Augustin commence avec ses amis une discussion sur la béatitude qui donna lieu au traité de la Vie bienheureuse, où il explique que la béatitude ici-bas consiste dans la parfaite connaissance de Dieu : les hommes sont sur une mer et cherchent la vérité qu’ils rencontrent dans le port de la philosophie, s’ils ne se laissent entraîner par la vanité.

Enfin, le dernier ouvrage d’Augustin datant de cette époque sont les Soliloques, où Augustin discute avec lui-même :

« Je les écrivis selon mon goût et mon amour, pour trouver la vérité sur les choses que je souhaitais le plus de connaître, m’interrogeant moi-même et me répondant, comme si nous fussions deux, la Raison et moi, quoique je fusse seul : de là le nom de Soliloques donné à cet ouvrage. (Rétractations)  » 

Dans cette œuvre, la raison y est considérée comme l'œil de l’âme qui doit se purifier des choses sensibles par les vertus chrétiennes que sont la foi, la charité et l’espérance, pour s’élever aux vérités intelligibles ; ce platonisme est évidemment d’abord d’inspiration chrétienne, puisque le soleil platonicien est Dieu, dont la lumière permet la contemplation intellectuelle et morale : « Mon Dieu, faites que je vous connaisse et que je me connaisse ! »

Et on reconnaît un célèbre philosophe dans la citation suivante :

« La raison : Mais toi qui veux te connaître, sais-tu si tu existes?
Augustin : Je le sais.
La raison : D’où le sais-tu ?
Augustin : Je l’ignore.
La raison : As-tu conscience de toi comme d’un être simple ou composé ?
Augustin : Je l’ignore.
La raison : Sais-tu si tu es mis en mouvement ?
Augustin : Je l’ignore.
La raison : Sais-tu si tu penses ?
Augustin : Je le sais.
La raison : Il est donc vrai que tu penses ?
Augustin: Cela est vrai.  » 

Augustin fait donc résider la certitude dans l’évidence intime de notre pensée, qui se distingue du témoignage des sens, et il définit la vérité comme ce qui est, toute vérité ayant son existence éternelle et immuable en Dieu :

« Qui est assez aveugle d’esprit pour ne pas reconnaître que les figures géométriques habitent au sein de la vérité elle-même ?  » 

La certitude qu’atteint notre raison témoigne ainsi que cette dernière participe de l’éternité de la vérité, et que notre âme est immortelle. Cette argumentation fut reprise par Augustin quand il fut de retour à Milan, dans le Traité de l’immortalité de l’âme, et plus tard dans La Cité de Dieu, livre XI, 26, il dit :

« En cette triple assurance, je ne redoute aucun des arguments des académiciens me disant : Quoi! et si tu te trompais ? Car si je me trompe, je suis. Qui n’existe pas, certes ne peut pas non plus se tromper ; par suite, si je me trompe, c’est que je suis. Du moment donc que je suis si je me trompe, comment me tromper en croyant que je suis, quand il est certain que je suis si je me trompe. Puisque donc j’existais en me trompant, même si je me trompais, sans aucun doute, je ne me trompe pas en ce que je sais que j’existe. De même en disant: Je sais que je me connais, je ne me trompe pas non plus, car c’est de la même manière que je connais mon existence et que je sais aussi que je me connais.  » 

Le baptême d’Augustin

Le séjour d’Augustin à Cassiciacum avait duré du 23 août 386 jusqu’au 23 mars 387. Augustin revint ensuite à Milan et se prépara au baptême en lisant Isaïe sur les conseils d’Ambroise. C’est pendant ce temps qu’il écrivit le Traité sur l’immortalité de l’âme évoqué plus haut, et d’autres ouvrages qui furent perdus de son vivant à ce qu’il semble.

Il fut baptisé par Ambroise, évêque de Milan, dans la nuit du 24 au 25 avril 387 :

« Combien j’étais ému ! Que de larmes s’échappaient de mes yeux, lorsque j’entendais retentir dans votre église le chœur mélodieux des hymnes et des cantiques qu’elle élève sans cesse vers vous ! Tandis que ces célestes paroles pénétraient dans mes oreilles, votre vérité entrait par elles doucement dans mon cœur; l’ardeur de ma piété semblait en devenir plus vive; mes larmes coulaient toujours, et j’éprouvais du plaisir à les répandre. (Confessions, livre 9)  » 

Mort de Monique

Augustin partit de Milan pour rentrer à Thagaste vers août ou septembre 387, avec sa mère, Adéodat et ses amis. Mais, peu après leur arrivée à Ostie, d’où ils devaient embarquer pour l’Afrique, Monique tomba malade et mourut. Augustin nous rapporte le dernier entretien qu’il eut avec sa mère :

« A peu de distance de ce jour où ma mère devait sortir de cette vie, jour que vous connaissiez, mais que nous ignorions, il était arrivé, par un effet de vos vues secrètes, comme je le crois, qu’elle et moi, nous nous trouvions seuls appuyés à une fenêtre, donnant sur le jardin de la maison qui était notre demeure à Ostie, à l’embouchure du Tibre, et dans laquelle, séparés de la foule, après la fatigue d’un long voyage, nous nous reposions en vue de la traversée : nous parlions donc là seuls, avec une douceur ineffable ; oubliant le passé, occupés de l’avenir, nous cherchions entre nous, auprès de cette vérité qui est vous-même, quelle devait être l’éternelle vie des saints, que l'œil n’a point vue, que l’oreille n’a point entendue, et qui n’est jamais montée dans le cœur de l’homme. Nous ouvrions la bouche du cœur pour recevoir les célestes eaux de cette fontaine de vie qui est en vous, afin qu’en étant inondés selon notre mesure, nous comprissions de quelque manière une aussi grande chose. (...)
Tel était notre entretien ; et si la forme et les paroles n’étaient pas les mêmes, vous savez, Seigneur, que ce jour-là, durant ce discours, le monde et tous ses plaisirs nous paraissaient bien vils. Alors ma mère dit : « Mon fils, pour ce qui me regarde, plus rien ne me charme en cette vie. J’ignore ce que je dois faire encore ici, et pourquoi j’y suis, après que mon espérance de ce siècle a été accomplie. Il n’y avait qu’une seule chose pour laquelle je désirasse rester un peu dans cette vie, c’était de te voir chrétien catholique avant de mourir. Mon Dieu m’a accordé cela au-delà de mes vœux; je te vois son serviteur, non content d’avoir méprisé les terrestres félicités ; que fais-je donc ici ? (Confessions, livre 9, § 10)  » 

Elle mourut après neuf jours de maladie à l’âge de 56 ans.

Après la mort de sa mère, Augustin décida de se rendre à Rome. On ignore les raisons de cette décision. Il y resta un an avant de revenir en Afrique pendant l’été 388.

Retour en Afrique

Revenu en Afrique, après cinq années d’absence, il vécut en communauté non loin de Thagaste avec ses amis et ses disciples. Il s’engage alors dans la défense de l’Église, en rédigeant les Mœurs de l’Église catholique, les Mœurs des manichéens, où il compare le comportement des chrétiens et des manichéens, et De la Grandeur de l’âme, qu’il avait commencé de composer à Rome. Il se donne pour tâche de guérir d’abord par la raison les manichéens qui, selon les chrétiens, insultent les Écritures. La raison nous permet de nous rendre meilleurs en suivant la vertu, qui, seule, nous porte vers une réalité hors de nous, qui est Dieu, le souverain bien. Mais la raison est impuissante à comprendre la nature des réalités divines, et elle a besoin de l’autorité de la parole de Dieu, de l’Ancien et du Nouveau Testament que les manichéens rejettent sur de nombreux points :

« Je pourrais, selon la médiocrité de mes lumières et de mes forces, discuter en détail toutes les paroles que je viens de rapporter, et vous exposer ici ce que Dieu m’a fait la grâce d’apprendre des merveilles qu’elles renferment, merveilles dont l’expression demeure souvent au-dessus de la faiblesse du langage. Mais il faut bien s’en garder, tant que vous serez en disposition d’aboyer contre les divins livres. L’Évangile nous défend de présenter les choses saintes aux chiens. Ne vous offensez pas si je vous parle ainsi : j’aboyais autrefois moi-même ; j’ai été de ces chiens dont parle l’Évangile.  » 

La visite des monastères romains lui donne l’idée de transformer la maison familiale en monastère : le Jardin (en 391), à l’imitation du Jardin d’Épicure. C’est à cette époque que meurt son fils Adéodat, vers l’âge de 17 ans.

Augustin évêque

Il devient prêtre puis coadjuteur de Valère, évêque de la ville d’Hippone avant de lui succéder dans la province romaine d’Afrique. En 399, les temples païens sont fermés. À cette occasion, il rédige la Catéchèse des Débutants. En 395, il entame une querelle théologique avec Jérôme, traducteur de la Vulgate à partir de la Bible hébraïque. Il considérait que rien n’avait pu échapper aux Septante. Il n’en voyait donc pas l’utilité. Il est vrai qu’Augustin était piètre helléniste et pas hébraïsant du tout ; en fait de Bible, il ne connaissait que la Vetus Africana, dont les spécialistes s’accordent à dire qu’elle n’est pas un modèle de fidélité. Il ne pouvait se rendre compte que les Septante n’avaient pas seulement traduit mais aussi complété et continué la Bible Hébraïque. Une autre querelle l’opposa à l’érudit de Bethléem concernant le commentaire de l’Épître aux Galates, sur le passage de la réprimande à Pierre attablé avec les Gentils. Il meurt lors du siège de Genséric chef des troupes Vandales en 430.

Il écrit deux règles importantes :

  • une pour le monastère de Thagaste ;
  • une pour le clergé (séculier) d’Hippone.

 

Doctrine

 

Ses sources

Concepts fondamentaux

Les concepts fondamentaux de la réflexion de saint Augustin sont les suivants :

  • la foi, adhésion de l’âme nous faisant saisir les principes premiers et nous mettant en possession de la vérité (la foi, si elle précède l’intelligence, n’est pas de nature à ruiner la raison) ; la foi est une croyance en quelque chose d’invisible, et Augustin répond à ceux qui affirment que l’on ne peut croire en ce qui ne tombe pas sous les sens (extérieurs ou sens interne) que nous croyons toujours à certaines choses que nous ne percevons pas, telle que, par exemple, la bienveillance d’un ami. L’esprit humain ne peut donc se passer de foi, à moins de vivre comme une bête (De la foi aux choses qu’on ne voit pas, §1). La foi aux choses invisibles n’est donc pas en elle-même irrationnelle, mais fait partie, d’une manière raisonnable et nécessaire, de la vie humaine :

« Or, croire qu’on n’est pas aimé parce qu’on ne voit pas l’amour, ne pas rendre affection pour affection parce qu’on s’en croit dispensé, ce n’est pas là un acte de sagesse, mais une réserve odieuse ; et si nous ne croyons pas à ce que nous ne voyons pas, si nous nions les volontés des hommes, parce qu’elles échappent à nos yeux, il en résultera un tel trouble dans la société que tout sera renversé de fond en comble.  » 

  • L’Amour, qui consiste à désirer quelque chose pour elle-même. Augustin distingue l’amour de soi et l’amour de Dieu. Seul l’amour de Dieu est un amour authentique et juste car il n’altère pas notre être mais au contraire l’augmente. L’amour est charité et s’oppose à la concupiscence. C’est un mouvement de l’âme vers ce qu’elle désire, et en ce sens, l’appétit naturel de l’âme est l’amour qui l’entraîne vers Dieu (idée que reprendront plus tard Thomas d'Aquin, et à la limite Baruch Spinoza dans les limites de la définition particulière que ce dernier établira de « Dieu »). Voir aussi entéléchie.
  • Le libre arbitre et la grâce. La liberté est pour Augustin correspondance entre la volonté humaine et la volonté divine ; elle n’est donc pas un choix, mais une sorte de nécessité à se conformer à l’ordre divin. Il existe toutefois deux sortes de liberté : la liberté parfaite qui précède la chute où l’homme est libre entièrement, parce qu’il fait de lui-même le bien, qu’il est ce bien qu’il réalise ; une liberté imparfaite, après la chute, qui témoigne de la corruption de la nature humaine, autrement dit de la mauvaise utilisation de sa volonté. Quand l’homme est bon malgré tout, ce n’est pas de son fait, mais par la grâce de Dieu.
  • La Raison, conçue comme faculté discursive, n’entrant pas en conflit avec la foi, mais la complétant : il faut, en effet, comprendre pour croire ;
  • La Mémoire, source de l’identité personnelle, est une faculté de la pensée, conscience des temps passé, présent et à venir. Cette faculté permet l’intelligence et la volonté. C’est par la mémoire que l’âme se rappelle d’elle-même et reprend possession d’elle-même. Quand l’âme se cherche elle-même, après s’être perdue par concupiscence, elle se retrouve par la mémoire, qui est alors un mouvement de l’être vers Dieu.
  • La notion de devenir historique explicitement formulée dans :
  • Il est une des principales sources de la doctrine du Péché originel et de l’exclusivisme, du mépris du monde et de doctrines "culpabilisant" l’exercice humain de la sexualité. D’aucuns lui attribuent aussi :
    • L’origine de la misogynie dans les religions d’autorité issues du christianisme
    • Une responsabilité dans l’antisémitisme chrétien.
  • La guerre sainte, en fait, dans son vocabulaire la guerre juste, comme le montre ce passage de la Lettre 185 d'Augustin à Boniface, préfet militaire en charge de la répression des donatistes:

« Les martyrs sont ceux dont le Seigneur a dit : "Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice " (Matthieu V, 10) Ce ne sont donc pas ceux qui souffrent persécution pour l'iniquité et pour la division impie de l'unité chrétienne qui sont véritablement martyrs, mais ceux qui sont persécutés pour la justice. Agar aussi a souffert persécution de la part de Sara (Genèse, XVI, 6). Celle qui persécutait était sainte, celle qui était persécutée ne l'était pas. (...) Si nous examinons même plus attentivement la chose, on verra que c'était plutôt Agar qui, par son orgueil, persécutait Sara que Sara ne persécutait Agar en la punissant (...) Si nous voulons donc être dans le vrai, disons que la persécution exercée par les impies contre l'Église du Christ est injuste, tandis qu'il y a justice dans la persécution infligée aux impies par l'Église de Jésus-Christ. (...) L'Église persécute pour retirer de l'erreur, les impies pour y précipiter. Enfin, l'Église persécute ses ennemis et les poursuit jusqu'à ce qu'elle les ait atteints et défaits dans leur orgueil et leur vanité, afin de les faire jouir du bienfait de la vérité, les impies persécutent en rendant le mal pour le bien, et tandis que nous n'avons en vue que leur salut éternel, eux cherchent à nous enlever notre portion de bonheur sur la terre. Ils respirent tellement le meurtre qu'ils s'ôtent la vie à eux-mêmes, quand ils ne peuvent l'ôter aux autres. L'Église, dans sa charité, travaille à les délivrer de la perdition pour les préserver de la mort; eux, dans leur rage, cherchent tous les moyens de nous faire périr, et pour assouvir leur besoin de cruauté, ils se tuent eux-mêmes, comme pour ne pas perdre le droit qu'ils croient avoir de tuer les hommes.  » 

  • La propriété privée. Le Nouveau Testament est presque muet sur la question mais alors que les chrétiens mettaient en commun leurs biens, Saint Augustin défend par le dogme la propriété privée: il soutient que le péché originel a changé la nature de l'homme ce qui rend la propriété collective impossible. Cette dernière fut en conséquence condamnée comme hérétique.

Le problème du temps

Augustin reste connu comme auteur de la fameuse boutade « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus » (Confessions).

Mais il cherche tout de même à défricher ce mystère. Il admet avec les philosophes que pour l’homme « Il y a trois temps, le présent du passé, le présent du futur et le présent du présent », mais se refuse à considérer que Dieu puisse être, comme l’homme, « prisonnier du temps », et en particulier impuissant à connaître l’avenir. Il estime que l’ensemble des instants de l’univers doit être, pour ce dernier, « omnia simul » : tout est présent à la fois, simultané, sans succession, éternel.

Le chapitre 11 des Confessions indique clairement que pour Augustin Dieu a tiré du néant de concert la matière comme le temps : comment en effet définir quoi que ce soit qui ressemble au temps en l'absence de matière ?

La question de Dieu hors du temps semble mal se concilier avec une toute-puissance à changer le futur. Ce problème ne recevra pas de proposition de solution avant Hugh Everett en 1957, et Augustin ne pouvait donc tenir compte du modèle de celui-ci.

Le problème du mal

Une phrase de La Cité de Dieu résume la position d'Augustin sur la question de Dieu, de ses créatures, et du choix du mal par celles-ci :

« Dieu n'aurait pas créé un seul des anges - que dis-je, un seul des hommes ! - dont il avait prévu qu'ils seraient méchants, s'il n'avait su aussi bien à quel usage des bons il pouvait les faire servir, et comment il pouvait par là rehausser la suite des siècles par des sortes d'antithèses, comme on le fait pour un très beau poème. (XI, 18) » 

Péché originel

Décri de la sexualité et "misogynie"

Sexualité

Uta Ranke-Heinneman (op. cit. en bas de page) explique qu’il est très exagéré de lui attribuer 100 % de la responsabilité en la matière. En effet, le christianisme du IVe siècle développe sa morale à partir du néo-platonisme et des conceptions médicales du stoïcisme. Celles-ci imposent le tabou menstruel qui fonctionne du IVe au XIXe siècle. Un développement plus étoffé sur ce sujet dans Corps, sexe et genre [fr]. D'autre part, la médecine de Galien de Pergame 129-210 de l’ère commune imagine que l’émission de sperme affaiblit l’homme (au sens de vir) tandis que la femme béante serait d’un désir effréné et ne connaîtrait pas ce problème.

À l’opposé de nombreux Pères de l’Église qui avaient condamné la sexualité comme un mal en soi, une conséquence de la Chute ou une invention du diable, Augustin a reconnu que la sexualité devait nécessairement appartenir à l’Idéal originel de Dieu pour l’homme et la femme, mais qu’ils l’avaient détournée de sa fonction originelle. Pour Augustin, ce qui constitue le péché, ce n’est pas l’acte sexuel, mais la motivation charnelle et égoïste, qui traite l'autre en objet. Augustin identifie donc le fruit défendu à la concupiscence. Cette interprétation ne fait que déplacer le problème, car dans les effets, cela revient au même :

« Des milliers de jeunes gens et de jeunes filles dédaignent le mariage et vivent dans la chasteté sans que personne en soit surpris, alors que Platon, pour en avoir fait autant, dit-on, fut à ce point intimidé par les idées perverses de son temps qu’il sacrifia à la nature pour abolir ce passé (...) Dans les villes et les cités, enfin dans les bourgs, les villages, la campagne même et les domaines particuliers,on accepte et on désire ouvertement se détourner des biens terrestres vers le Dieu unique et véritable, à tel point que chaque jour, par le monde entier, d’une seule voix ou presque, le genre humain répond : « Les cœurs sont en haut, près du Seigneur ». (Augustin d'Hippone, De vera religione, III. 3 et V) » 

Femmes ou sagesse

Pour Augustin, la fréquentation des femmes en vue du plaisir et de la paternité est un obstacle pour l’âme :

« Sous quelques traits que tu me la représentes, fût-elle comblée de tous les dons, il n’est rien que je sois aussi résolu d’éviter que le commerce d’une femme. Car il n’est rien, je le sens, qui abatte davantage l’essor de l’esprit que les caresses d’une femme et cette union des corps qui est de l’essence du mariage. C’est pourquoi, si c’est un des devoirs du sage, ce que je n’ai point encore examiné, de chercher à avoir des enfants, celui qui s’unit à une femme dans ce seul but me paraît plus digne d’être admiré que d’être imité ; car il y a plus de danger dans cette tentative que de bonheur à y réussir. Aussi je me suis obligé assez justement et assez utilement, je crois, pour la liberté de mon âme, à ne désirer, à ne rechercher, à ne prendre aucune femme. (Soliloques, §10) » 

Cette citation pourrait également être rapprochée d'une autre: « La totale abstinence est plus facile que la parfaite modération ».

 

Femmes et hommes

Relation avec le judaïsme

« Si donc ce peuple n’a pas été détruit jusqu’à entière extinction, mais dispersé sur toute la surface de la terre, c’est pour nous être utile, en répandant les pages où les prophètes annoncent le bienfait que nous avons reçu, et qui sert à affermir la foi chez les infidèles. (...) Ils ne sont donc pas tués, en ce sens qu’ils n’ont pas oublié les Ecritures qu’on lisait et qu’on entendait lire chez eux. Si en effet ils oubliaient tout à fait les saintes Ecritures, qu’ils ne comprennent pas du reste, ils seraient mis à mort d’après le rite judaïque même; parce que, ne connaissant plus la loi ni les prophètes, ils nous deviendraient inutiles. Ils n’ont donc pas été exterminés, mais dispersés; afin que n’ayant pas la foi qui pourrait les sauver, ils nous fussent du moins utiles par leurs souvenirs. Nos ennemis par le cœur, ils sont par leurs livres, nos soutiens et nos témoins. (De la foi aux choses qu’on ne voit pas, § 6) » 

Saint Augustin entretenait des relations avec les rabbins de sa région et les consultait pour des points de traduction de l'hébreu, comme en atteste sa correspondance avec saint Jérôme.

D'autre part, Augustin s'opposait à ce qu'on persécute les juifs, et aurait également considéré que ces derniers se convertissent au christianisme à la fin des temps.

 

Exclusivisme

Les attaques d’Augustin contre les Manichéens sont omniprésentes dans l'œuvre du « père de la grâce ». Plusieurs de ses traités y sont entièrement consacrés, et les allusions au manichéisme sont partout dans les autres traités, sermons, lettres, écrits divers ; naturellement aussi dans ses œuvres majeures que sont Les Confessions et La Cité de Dieu. Elles y sont aussi, bien évidemment, dans le De vera religione.

Une partie importante de l'œuvre d’Augustin combat les hérésies. L’Église triomphante utilise ce terme pour désigner certaines tendances du christianisme naissant qui n’ont pas prévalu et s'écartent de la foi telle que définie par l'autorité ecclésiastique (notamment les Conciles). Augustin combat Mani lui-même qui se disait disciple du Christ, même si le manichéisme est fort éloigné de l’Évangile. Il combat les donatistes et les pélagiens, dont la doctrine est chrétienne. D’ailleurs, ils se disent chrétiens, mais leurs adversaires les nomment donatistes ou pélagiens, ce sont leurs adversaires. Ils se disputent tous le nom de Chrétiens.

Augustin est parfois partisan de la contrainte contre les hérétiques :

« La force de la coutume était une chaîne qu’ils n’auraient jamais rompue, s’ils n’avaient été frappés de la terreur des puissances séculières et si cette terreur salutaire n’avait appliqué leur esprit à la considération de la vérité. » 

Voire de la persécution quand il est préfet militaire en charge de la répression des donatistes :

« La persécution exercée par les impies contre l’Église du Christ est injuste, tandis qu’il y a justice dans la persécution infligée aux impies par l’Église de Jésus-Christ.(...) L’Église persécute par amour ; les impies par cruauté.(...) Enfin l’Église persécute ses ennemis, et ne cesse point de les poursuivre qu’elle ne les ait atteints et défaits, c’est-à-dire, qu’elle ne leur ait fait mettre bas les armes du mensonge, et qu’elle ne les ait établis dans la vérité; eux au contraire nous rendent le mal pour le bien, et au lieu que ce n’est que pour leur procurer la vie éternelle que nous travaillons, ils cherchent à nous ôter la vie temporelle; ils ne respirent que meurtre et que carnage; et cela va même à un tel excès que quand ils ne peuvent assouvir leur fureur en ôtant la vie aux autres, ils se l’ôtent à eux-mêmes. (Augustin d’Hippone, Lettre 185 à Boniface » 

 

Influence sur l’histoire de la philosophie

Pour le Moyen Âge, voir saint Bonaventure et l'article augustinisme.

Pour le XVIIe siècle, voir en particulier : Descartes, Malebranche, Leibniz.

Le nombre de lecteurs de saint Augustin est innombrable : c'est un auteur majeur. Au XXe siècle, p.ex. Camus a rédigé un DEA sur saint Augustin.

 

Une erreur d’appréciation augustinienne : les antipodes

Sur le plan de l’Histoire des idées en physique, et bien qu’il ne fût pas physicien, saint Augustin reste connu pour son refus d’admettre la théorie des antipodes et pour l’avoir publiquement qualifiée de ridicule. Tous les peuples marins ont constaté depuis longtemps, bien entendu, la rotondité de la mer, et adapté leurs phares et les hunes de leurs navires en conséquence. Augustin refusait néanmoins d’y voir une preuve de la rotondité de la Terre (connue depuis Aristarque de Samos, dont il ne pouvait ignorer l'œuvre et qui avait même calculé une estimation de sa taille). Sans doute estimait-il cette courbure comme l’analogue à taille gigantesque d’une goutte d’eau ou de l’effet de ménisque d’un verre trop rempli : les Grecs, puisqu’ils n’avaient rien écrit sur la question, n’avaient tout simplement pas vu le phénomène, et tiraient de la convexité de la mer une conclusion délirante et fausse.

Cette opinion personnelle qu’il enseignait à qui voulait l’entendre, ne constituant pas un point de dogme, n’engageait toutefois pas sa responsabilité d’évêque, pas plus que cette dernière ne l’autorisait à exciper d’une autorité quelconque dans ce domaine. On se borna à signaler ce qu’il pensait du sujet.

Voici en quels termes Augustin la formulait :

« Quant à leur fabuleuse opinion qu'il y a des antipodes, c'est-à-dire des hommes dont les pieds sont opposés aux nôtres et qui habitent cette partie de la terre où le soleil se lève quand il se couche pour nous, il n'y a aucune raison d'y croire. Aussi ne l'avancent-ils sur le rapport d'aucun témoignage historique, mais sur des conjectures et des raisonnements, parce que, disent-ils, la terre étant ronde, est suspendue entre les deux côtés de la voûte céleste, la partie qui est sous nos pieds, placée dans les mêmes conditions de température, ne peut pas être sans habitants. Mais quand on montrerait que la terre est ronde, il ne s'ensuivrait pas que la partie qui nous est opposée ne fût point couverte d'eau. D'ailleurs, ne le serait-elle pas, quelle nécessité qu'elle fût habitée, puisque, d'un côté, l'Ecriture ne peut mentir, et que, de l'autre, il y a trop d'absurdité à dire que les hommes aient traversé une si vaste étendue de mer pour aller peupler cette autre partie du monde ». (Cité de Dieu, livre 16)

En expliquant qu'il vaut mieux faire confiance aux hommes de foi pour les questions de dogme et à Aristote (donc à son idée de Terre sphérique) pour les questions concernant la nature, Thomas d'Aquin désavouera diplomatiquement Augustin sur ce point précis quelques siècles plus tard.

 

Points de vue et jugements

L'Église catholique romaine

Augustin est dit saint Augustin, évêque d’Hippone. Son influence sur la théologie de l’Église catholique romaine est primordiale. L'augustinisme a imprégné tout le Moyen Âge et inspiré la plupart des débats et systèmes de pensée ultérieurs.

Considéré comme un des Pères de l’Église, il a également toujours été compté parmi les Docteurs de l’Église.

 

L'Église orthodoxe

Augustin d'Hippone et Jérôme de Stridon sont fêtés ensemble le 15 juin dans l'Église orthodoxe. Cette fête est secondaire, le 15 juin est en effet le jour du saint prophète Amos et de saint Guy dans l'ensemble des Églises orthodoxes. Il semble donc que cette mémoire ne soit mentionnée que localement, en Roumanie par exemple.

Les Roumains ont tendance à orner les églises de fresques d’auteurs latins comme les Grecs de leurs philosophes païens (Platon, Socrate, Héraclite, à cause de l’usage qu’ils firent du terme logos).

 

Les Nord-Africains

La figure de saint Augustin est très populaire dans la terre qui l'a vu naître et mourir. Il est "le plus illustre des Algériens", comme cela a été souligné lors d'un grand colloque scientifique international à Alger et Annaba, en 2001 ("Africanité et universalité de saint Augustin").

Les Berbères/Amazigh reconnaissent en Augustin un des leurs et une partie de leur patrimoine. C'est également le cas des Algériens en général, ainsi que, dans une certaine mesure, des Tunisiens.

 

Humanistes du Siècle des Lumières

La notion d’humanisme n’ayant de signification que relative - à ce titre, elle n’est d’ailleurs pas exclusive du christianisme dans une quelconque de ses formes. On donnera donc le point de vue des hommes des Lumières

 

Point de vue de Pierre Bayle

Il considère l’exclusivisme ou augustinisme, et se montre naturellement, en tant que protestant, critique envers l'Église catholique.

 

Point de vue d’Isaac de Beausobre

« Pour moi, que le ciel a préservé de l’Esprit de l’Église, qui ne connais point de plus grand bien que la liberté de penser, de plus douce occupation que la recherche de la Vérité, ni de plus grand plaisir quer celui de la trouver et de la dire, pour moi, dis-je, j’ai étudié l’histoire de l’Église avec le moins de préjugé qu’il m’a été possible. Et comme l’histoire des sectes en fait une partie très considérable, dès que j’eus ôté le bandeau du préjugé, je m’aperçus bientôt qu’il n’y en avait point de plus falsifiée et je regardai ces fausses histoires d’un œil bien différent de celui dont on a coutume de les regarder. Comme j’aime beaucoup, par la grâce de Dieu, la religion de notre Sauveur et que je donne toute mon attention à la confirmer, les extravagances, les impudicités, les abominations que l’on a attribué à quantité de sociétés qui invoquaient le nom de Jésus-Christ, me parurent autant d’outrages que l’on faisait au christianisme. Je ne pus lire sans indignation ces histoires évidemment fabuleuses des anciennes sectes, que l’on charge à l’envi d’erreurs monstrueuses et de cérémonies infâmes. Tout cela est l’ouvrage d’un zèle indiscret, d’une impudente crédulité, très souvent de la précipitation et du mal entendu. (...) Commençons par une réflexion commune mais malheureusement trop véritable. De tous temps, les sectes rivales se sont mutuellement accusées de mystères profanes ou ridicules. Les païens en ont accusé les Juifs ; les Juifs en accusèrent les Chrétiens et publièrent partout que les incestes d'Œdipe et les festins de Thyeste étaient leurs cérémonies sacrées. Les Chrétiens rejetèrent ces crimes sur les Gnostiques. Nous les connaissons par Plotin qui les a combattus. Ce philosophe sévère et régulier ne leur reproche aucune de ces crimes. Il les taxe seulement d’orgueil et remarque que leur maxime générale était qu’il fallait regarder à Dieu et à l’imiter (...)
Quoi qu’il en soit, c’était l’ancien et constant usage de toutes les sectes de se calomnier mutuellement ; les Grecs le font à l’égard des Latins, les Latins à l’égard des Grecs et les Grecs et les Latins à l’égard des communautés orientales. On sait ce que l’on a publié contre les Vaudois et les Albigeois et au commencement du XVIème siècle contre les Luthériens et les Réformés. si l’Église romaine était venue à bout de les extirper dès leur naissance, ils passeraient aujourd’hui pour les plus infâmes hérétiques, d’où je conclus qu’il ne faut pas ajouter foi légèrement à ce que quelques-uns des Pères nous disent des Mystères des Manichéens. L’accusation la plus commune et la plus ancienne est qu’ils usaient de magie. On la trouve dans les Actes d’Archelaüs. La raison l’a fait tomber, je vais faire tomber celle de l’obscénité, encore plus incroyable que l’autre.
Je ne répèterai pas ce que Cyrille et saint Augustin nous disent de l’Eucharistie manichéenne... (Isaac de Beausobre, Histoire de Manichée et du Manichéisme, Amsterdam, 1739) » 

 

 

 

Cyprien de Carthage

Cyprien de Carthage

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C'est un saint chrétien, fêté le 14 septembre ou le 16 septembre en Occident[2] et le 31 août en Orient.

Vie et martyre

Il naît en Afrique du Nord vers 200, de parents païens, très probablement berbères[3]. Il fait d'abord une carrière de rhéteur à Carthage. Il professe la rhétorique et se convertit assez tard au christianisme.

Il devient prêtre puis, en 249, évêque de Carthage[1],[4]. Pendant la persécution de Dèce, il reste loin de Carthage[5] ; cette « fuite », qu'on lui reproche, aggrave les difficultés qu'il a à résoudre : révolte des confesseurs, problème de la réconciliation des lapsi, éclatement de schismes à ce sujet en Afrique et à Rome, où Novatien choisit la sévérité et fonde une Église dissidente promise à un long avenir. La mort de Dèce en 251 lui apporte quelques années de répit, malgré les menaces de persécution et la survenue d'une épidémie.

En 255 commencent les démêlés avec Étienne, évêque de Rome : affaire de deux évêques espagnols apostats, imprudemment, à ses yeux, réhabilités par le pape ; affaire de Marcianus d'Arles, novatianiste, qu'il demande à Étienne d'écarter de la communion ; dispute relative à la validité (que refuse Cyprien) du baptême donné par les hérétiques[6].

Quand paraît le premier édit persécuteur de Valérien, Cyprien est exilé en août 257[7] ; un an après, revenu dans sa ville épiscopale, il y est, en vertu du second édit, décapité le 14 septembre 258 avec plusieurs de ses compagnons ecclésiastiques, dont Flavien de Carthage.

Sa vie est connue par une biographie, la Vita Cypriani, écrite par le diacre Pontius. On a aussi conservé les Actes proconsulaires de sa passion avec les compte-rendus authentiques des interrogatoires.

Œuvres

Écrits

Saint Cyprien a écrit en latin de nombreux traités ainsi que des lettres. Leur objet et leur but est de défendre le christianisme et de soutenir la foi des chrétiens.

Les lettres de saint Cyprien sont des documents historiques précieux[8], notamment pour comprendre l'évolution du droit ecclésiastique.

Il a laissé de très nombreux écrits parmi lesquels :

  • Ad Donatum / A Donat[9] : sur la décadence morale de son époque ;
  • Ad Quirinum / A Quirinus[10] : sur les rapports et les oppositions entre judaïsme et christianisme ;
  • De habitu virginum / Les habits des vierges : sur la façon de se vêtir des vierges, laquelle doit être simple et modeste ;
  • De Catholicae Ecclesiae unitate / De l'unité de l'Église catholique[11] : contre ceux qui cherchent à créer la division dans l'Église ;
  • De dominica oratione / La prière du Seigneur[12] : commentaire du Notre Père ;
  • De mortalitate / La condition mortelle de l'homme : sur la maladie ;
  • De opere et eleemosynis / L'activité pratique et les aumônes : sur les bonnes œuvres, la perfection et le martyre ;
  • Ad Demetrianum / A Démétrien : réponse contre les attaques païennes ;
  • De lapsi / Des tombés : on nommait ainsi ceux qui avaient fléchi pendant la persécution de Dèce ;
  • De bono patientie / La bonté de la patience : sur la vertu de patience ;
  • Contre les spectacles : contre les excès immoraux de certains spectacles ;
  • Les avantages de la pudeur : sur la pudeur et la morale ;
  • La jalousie et l'envie : contre la jalousie et l'envie ;
  • Lettres[13].

Le traité (De Catholicae Ecclesiae unitate (De l'unité de l'Église catholique publié en 251) est l'une de ses œuvres clé, considérée comme le premier traité d'ecclésiologie de la littérature chrétienne[14], saint Cyprien n'ayant de cesse de rappeler l'unité de l'Église[14]. Il met en garde ses contemporains chrétiens contre l'orgueilleuse tentation de créer une église parallèle à la « grande Église ». Cela n'aboutirait à rien car « hors de l'Église, il n'y a pas de salut » (personne ne peut se sauver en dehors de l'Église). Cette expression (en latin Extra Ecclesiam nulla salus) a souvent été mal comprise.

Style

Le style de saint Cyprien est célébré notamment par le poète Prudence. Jusqu'à saint Augustin, il est le modèle incontesté des écrivains ecclésiastiques latins et d'auteurs de la Renaissance comme Érasme.

Prudence consacre à saint Cyprien le poème Peristephanon 13 où il évoque sa conversion, son éloquence et son martyre. Ennode de Pavie fait de même (Hymne, 1, 12).

Traductions

Ses Œuvres ont été imprimées plusieurs fois, la meilleure édition signalée au XIXe siècle par le Dictionnaire Bouillet est celle commencée par Étienne Baluze et terminée par Dom Maran (publiée à Paris en 1726). Une partie de ses Œuvres a été traduite en français par Jacques Tigeon en 1574 et par Lambert en 1672. L'abbé Marie-Nicolas-Silvestre Guillon en a donné une traduction complète en 1838.

Écrits attribués

  • Adversus Judaeos (Contre les Juifs) : attribué à Donatien par Adolf von Harnack, à Sixte II par d'Alès, daté du milieu du IIIe siècle ;
  • Ad Novatinamum (À Novatien) ;
  • Caena Cypriani (La Cène de Cyprien) : banquet réunissant les grands personnages de la Bible ;
  • De laude martyrii (Louange du martyre) : attribué à Donatien par Harnack, daté du milieu du IIIe siècle ;
  • De duodecim abusivis Saeculi (Des douze abus du siècle) : livre du VIIe siècle d'origine irlandaise ;
  • Quod idola di non sint (Les idoles ne sont pas des dieux)[15] : ouvrage sur le paganisme, qui n'est probablement pas de Cyprien mais lui est souvent attribué, daté vers 230 ;
  • Sermo de voluntate Dei (Sermon sur la volonté de Dieu) ;
  • De singularitate clericorum (De la singularité des clercs) : interdiction faite aux clercs de vivre avec des femmes.
  • Confessio Cypriani (La Confession de Cyprien) : La légende de Cyprien le Mage a eu un grand succès, jusque dans le Faust de Goethe. Enfant, il est voué à Apollon, puis « initié à la dramaturgie du serpent », initié aux Mystères de Mithra à sept ans, initié aux Mystères de Déméter à dix ans, initié au serpent de Pallas sur l'Acropole, instruit par sept hiérophantes sur l'Olympe, etc. Finalement il se convertit au christianisme à Antioche. La Confession de Cyprien, en grec, figure dans les Cypriani Opera de l'édition de Baluze (Venise, 1758, col. 1106 ss.). Le roman, écrit vers 440, a été traduit en français[16].
  • De duplici martyrio (Des deux formes de martyre) : Érasme, dans sa quatrième édition des œuvres de saint Cyprien en 1530, introduit un traité qu'il lui attribue et le présente comme ayant été retrouvé par hasard dans une ancienne bibliothèque. Ce texte, après avoir déjà été suspecté au XVIe siècle, est actuellement controversé.

Culte

Saint Cyprien est enterré à Carthage, dans le cimetière de Macrobius Candidianus, à la rue des Mappales. C'est là que commence son culte, immédiatement après son martyre, le 14 septembre 258. Lors de la Paix de l'Église, on y construit une basilique et on établit une mensa Cypriani (mémorial) sur le lieu de son supplice (in agro Sexti).

Saint Cyprien, évêque, martyr et docteur de l'Église, est fêté le 16 septembre. Cette fête est inscrite dans les plus anciens calendriers liturgiques.

Cyprien est nommé au canon romain de la messe de rite latin.

 

Tertullien

Tertullien
Tertullien 
 
 Tertullien

De sa vie on ne connaît peu de chose. Des éléments biographiques se trouvent dans quelques unes de ses œuvres mais également chez Eusèbe de Césarée (Hist. eccl. II, ii. 4) et Jérôme (De viris illustribus, chap 53).

Il naît à Carthage entre 150 et 160. Son père, centurion dans une légion de l'armée romaine : la cohorte proconsulaire, meurt très tôt. Excellent élève, il étudie la rhétorique, la jurisprudence, l'histoire, la poésie, les sciences et la philosophie. Devenu avocat et professeur de rhétorique, il est promis à une brillante carrière.

C'est vers 197-198 qu'il se convertit au christianisme. Il semble qu'il est séduit par l'esprit de sainteté qu'il trouve aux chrétiens, par leur humilité, leur abnégation face aux persécutions et la hauteur de la doctrine évangélique. Celle-ci est soudaine et décisive. Il dira plus tard : « on ne naît pas chrétien, on le devient » (Apol, xviii). Adversaire du paganisme et moraliste intransigeant (cf. ses traités sur la femme, le mariage, la chasteté ou le jeûne), il est le premier auteur latin à tenter une synthèse entre christianisme et philosophie païenne.

Il épouse une chrétienne. Peut-être est-il devenu prêtre. Mais c'est l'année 207 qui marque un tournant dans sa vie avec son adhésion au montanisme. Rompant avec l'Église traditionnelle, ses positions deviennent plus rigoristes. Paradoxalement, il combat avec encore plus d'acharnement les hérésies gnostiques qui minent la chrétienté au IIIe siècle et devient même le professeur de Cyprien de Carthage.

Il meurt à Carthage vers 230-240.

 

Kahina

" Kahina"  peinte par N.ZEKARA
" Kahina" peinte par N.ZEKARA 

Belle comme le soleil, malgré sa cinquantaine passée, elle avait encore un visage divin, avec des yeux qui airaient ensorcelé César s’il l’avait connue, des cheveux longs d’un liseré d’azur, éclatant, une bouche rose tellement bien dessinée, qu’on aurait cru une alliance en or, un petit nez, si droit qui témoignait d’une fierté millénaire.

De plus elle était grande, svelte, marchait avec orgueil, telles les vagues de l’océan qui arrivaient paisibles avant de montrer aux rochers, la force qui les animait. Elle s’appellait "Damya Tadmut" c’est à dire "la belle gazelle" de Djawara.

Elle avait tout d’une reine, et le peuple, des Aurès à l’Anti- Atlas, la vénérait, pour sa justice et sa justesse, pour l’âme amazighe qu’elle portait en elle, et donnerait ses beaux yeux pour conserver, ce don de la nature.

- Dites à Ibn Nouamane, que j’ai toutes les saintes écritures y compris le coran d’Othmane, que je m’appelle Damya Tadmut ,La reine des Aurès et de l’Atlas, que je connais votre prophète et la religion qu’il a apporté aux qoraichites, que mon peuple est libre, et fier comme les cimes des Djurjura et du Tobqal.
Mon peuple est Israélite, chrétien, musulman et que sais-je encore, si vous etes pour la paix et le respect des croyances de mon peuple, vous etes le bienvenue, si c’est pour nous soutirer nos terres notre culture, notre liberté, et nous faire payer la Jizia pour garder nos confessions, eh bien, nous vous combattrons jusqu’aux dernier souffle et si nous sommes battus on brûlera tout, on démolira tout.
Enfin, dites à Ibnou Nouamane, que d’autre peuple sont passé par là, nous les avons combattu lorsqu’ils nous ont offensé et nous les avons aidé lorsqu’ils nous ont sollicité.
Chez nous on paye pas pour ses convictions religieuses, et mon peuple est unis quelques soient ses confessions, salut à toi.

L’émissaire de Salman tremblait devant l’ardeur de cette majestueuse femme, recula jusqu’à la porte et partit au galop, effrayé par la puissance de Damya.

Khaled son fils adoptif qu’elle a libéré après une capture, était arabe, et il lui a appris beaucoup de choses sur les arabes leurs mœurs et leurs langue il lui dit:
- Yemmi, tu sais, le calife de Damas, ne te laissera jamais, régner sur le territoire même s’il doit t’envoyer l’armée la plus immense de tout les temps.
Et puis les tribus en ce moment, ont peur après la mort de Oqba à Sousse.

- Mais tu es toujours si prudent, nous avons accueilli les kharijites, et se sont fendus dans nos tribus, il y en a même qui sont convertis au christianisme, d’ailleurs, Ibn ou nouaman a été écrasé à Ceuta et Léontios a repris la ville.
Je ne suis pas hostile à la religion de Mahomet, mais ces bédouins me répugnent tellement que je ne puis les accepter dans mon royaume, ils sont polygames, ils ont enterré leurs filles vivantes, héritent de leurs belles-mères, et c’est eux qui ont vénéré les statuettes, jamais un amazigh, n’a vénéré une statuette.
Et puis à Sicile ils font payer même les convertis à l’Islam, ce n’est pas moral vis-à-vis de leurs prophète.

Ifran, son autre fils lui dit :
-Yemma, Yezdya ( son autre fils) et moi, nous allons leur jouer un petit tour, pour mieux connaitre leur vraie mission, nous allons leurs faire croire que nous sommes convertis et rentrerons dans leurs armées, pour les noyauter, qu’en penses- tu ?
-Une reine n’engendre que des rois, si vous réussissez vous etes des rois, si vous échouez vous étes des leurs.

Hassan Ibn Nouamane, dans son immense tente bédouine dressée près de Serte, et gardée par l’élite de ses chevaliers : tournait en rond :

- Mais elle est folle, n’est-ce pas Zayed ?
- Mais prince, il n’est pas facile de faire la guerre à une femme, si tu l’a vaincs, on dira que tu as vaincu une femme, si elle te vainc, ce qui peu probable, ça sera la honte pour la campagne de Damas. Dans tous les cas tu n’est pas dans une meilleure position, ensuite il va falloir expliquer à son peuple qui l’aime tant.
- Cette femme me fascine, j’aurai aimé ne pas être converti en ce moment et Abdelmalek Ibnou Marouan, attend de moi, la conquête de La lusitanie.
Cette femme ne peut être qu’une Kahena, je l’aurai épousé s’il le faut, mais je dois pacifier la région, je veux dire, la soumettre au califat de Damas. Je n’ai pas la solution, je dois la combattre, mais pour la loyauté, envoyez lui un émissaire pour la prévenir de notre offensive.

La Reine Damya, dans son bain, dit à ses servantes qui lui badigeonnaient le corps avec de l’Henné d’Inde :

- faites moi belle, encore plus belle que jamais, car je pars à la guerre, j’ai envie de mourir belle, pour la cause de mon peuple qui est le plus beau de l’univers.
Belle, je vais défendre ses croyances, ses libertés, car c’est mon devoir, ah, Tamouda, qu’ y- a –t-il de plus beau que de mourir belle ?
-Majesté, c’est ta beauté qui les dérange c’est aussi ton savoir immense, tu parles les langues des chrétiens, des arabes et des Imazighen, tu as étudié la poésie, et les livres saints, tu es immortelle.
- Tu es gentille Tamouda, même, mes fils ne me flattent pas comme tu le fais, et je sais que ce petit Khaled est plus dévoué qu’eux, mais quand il faut combattre, il faut combattre, mets moi un peu du Kohl d’Ispahan et de l’eau de rose de Tambouctou.

-Amdyaz, rassemble moi tous les dignitaires du royaume, et dis leurs qu’ils forment l’armée la plus scindée ; les hommes les plus durs on va combattre les bédouins, de toute façon même vaincus on sera vainqueurs, et dis leur ce n’est pas la nouvelles religion que je combats mais ceux qui l’utilisent pour opprimer, piller et soumettre les peuples.
Dis leur que je donne l’ordre de tout détruire : nos écrits nos arts, de démolir nos forteresses, et brûler les champs, les plus fertiles, nous nous sommes pas des Grecs, on gardera nos richesses en nous même, que cela soit fait avant le duel suprême, je l’écraserai ce polygame.


L’armée de Damya, renforcée par des combattants sédentaires et nomades, rencontra celles des conquérants de Damas sur les bord de la Miskiyana.
Les Imazighen prirent place derrière la reine, et attendaient.
Damya lança un appel retentissant vers son adversaire :

-Ibnou Nouaman, retourne à Damas, dis à ton Calife, que nous n’avons rien contre l’Islam, que mon peuple est libre de ses croyances !!!!

Hassan Ibnou Nouaman, dit à ses commandants :
-il a raison Zayed, c’est une sorcière une vraie kahina, mais elle est si belle de loin, j’aimerai tellement la voir de près !
-Qu’est-ce qui vous arrive prince, a tu oublié la mission sacré dont tu es chargé ?
- De toute les façon je suis déjà vaincu.

Le combat fut sanglant, Damya, du haut de son cheval blanc, effrayait toute l’armée adverse, combattait telle un déesse sur son Pégase.

De loin Hassan, dit :
-Soubhane Allah, cette femme est surnaturelle.

Il perdit le combat et choisit de rebrousser chemin en Tripolitaine, ce fut une humiliation qu’aucun des disciples et émissaires n’a connu.

Damya, rentra dans sa forteresse des Aurès, le peuple l’acclama, et sortit en leur disant :
- Peuple adoré, nous n’avons pas vaincu l’Islam, mais des conquérants, ils ont déjà déposé le coran, en Afriquia, on l’a accepté et respecté, mais nous avons combattu un ennemi qu’on connaît, vous savez leur prophète a souffert, même après sa mort ils ont transgréssé les limites de leurs foi en quête de la gloire et du pouvoir!
Ibnou Marouwan, ne va pas s’arrêter là, nous le savons, nous seront les martyrs de notre âme l’âme Amazighe, qui, elle seule restera éternellement en nous, maintenant partez vous avez fait incliner les Umayyades, brûlez tout démolissez tout, et transmettez tout par le cœur.

Tamouda, la servante dit à la reine :

- Vous voyez Majesté, vous etes la meilleure, la plus forte et la plus belle
- Mais cette fois-ci, Tamouda, ça sera la fin, je mène mon peuple vers la perte, mais aussi vers la dignité, nous sommes libres et je sais que les générations à travers les siècles à venir, vont garder le serment jusqu’à la fin des temps, c’est ma fierté, car les bédouins ne franchiront jamais les neiges, ça leurs fait peur, transmet ça à tes enfants !!!

Ibnou Marwane est entré dans une colère noire, convoqua Ibnou Nouaman.

- Comment, une femme, une barbare des montagnes, vous met à genou ?
Où est le courage des Compagnons ? Et ceux qui ont pacifié la Perse, et le Sham, où nous résidons maintenant, avec la grâce d’Allah, ramenez moi la tête de cette sorcière.

Les Imazighen et les grecs, les chrétiens et les juifs, saccagèrent les plantations, détruirent les forteresses, et se préparèrent à affronter de nouveau l’armée d’Ibn Anouaman.

Damya, mit ses meilleurs bijoux, et empreinta l’un de ses meilleurs chevaux blancs, et se rend avec son armée cent fois plus petite que celle de Damas.
La bataille eut lieu à Tabarqa. Les combats étaient d’une violence inouïe.
Damya, tomba de son cheval, et fut entourée de soldats arabes.

- Tuez moi, si vous etes fidèles à votre calife cria –t-elle, vous n’aurez jamais mon peuple, même si vous épousez nos les femmes, l'Amazigh vous défiera, l’histoire vous montrera.

L’un des soldats sortit son sabre et la décapita : sa tête immortalisa un sourire triomphant et une larme sur l’œil gauche, qui a fasciné l’assistance.

Ibnou Nouaman, arriva au galop, afin d’apercevoir cette créature, descendit de son cheval et lui ferma les yeux en se recueillant longuement devant son corps et dit à ses compagnons :

- Cette femme restera dans les mémoires à jamais! Enterrez la dans la dignité, et honorez sa famille.

Telle fut la déesse d’un peuple qui reste mythique dans les lignes écrites d’une histoire plus que vraie, les arabes l’ont baptisée par pudeur la Kahena : pour en finir avec sa belle réputation, alors qu’elle fut un ange.

Ibnou Khaldoun, s’autocensura à son sujet, se contentant de quelques lignes sur ses origines.

Damya Tadmut fut enterrée sous les youyous à dans une forteresse des Aurès. Ses deux fils obtinrent le gouvernerat de ce qui va devenir des siècles plus tard.

 

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